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Pendant le Fira en décembre dernier, Thomas Engel, responsable de l’innovation stratégique de John Deere, a présenté la réflexion du constructeur sur l’autonomisation des machines agricoles. Si de nombreuses raisons poussent à changer de solutions de traction, des freins perdurent au développement de ces technologies à grande échelle. John Deere travaille actuellement sur des pistes prometteuses : la robotique en essaim et l’électrification.

John Deere MP150, l'un des projets de John Deere dans la robotique agricole
John Deere MP150, l'un des projets de John Deere dans la robotique agricole (©John Deere)
 

Lors d’une intervention au Fira (Forum international de la robotique agricole), le docteur Thomas Engel, responsable stratégique technologie et innovation de John Deere en Europe, a partagé avec nous le point de vue de John Deere sur les tracteurs autonomes et les robots agricoles.

« Il va de soi aujourd’hui que les solutions de guidage GNSS sont utilisées couramment en agriculture », annonce Thomas Engel. John Deere a investi depuis la fin des années 90 dans ces systèmes et a développé depuis ses produits Starfire avec et sans RTK. « La tendance marché est actuellement tournée vers une augmentation de la précision avec la correction de signal RTK », complète Thomas Engel.

« Actuellement, on constate un intérêt croissant pour la recherche et le développement de véhicules entièrement autonomes. Cette technologie a des avantages, mais beaucoup de challenges sont encore à relever. Les robots agricoles de plein champ seront d'abord introduits dans les cultures spécialisées en raison du coût et de la pénurie de main-d'œuvre », explique le responsable stratégique techoologie et innovation de John Deere.

Le tracteur autonome de John Deere est déjà utilisé dans le centre de test de la marque pour vérifier l’endurance des tracteurs. Cela permet de le faire travailler 24h/24 ! Certaines de ces technologies ont déjà 15 ans pour la marque :

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La multiplicité des bénéfices est la conséquence des nombreuses raisons de l’autonomisation des machines :

  • Pénurie et coût de la main d’œuvre formée ;
  • Réduction des coûts de la machine sans pilote, car la cabine n’est pas nécessaire ;
  • Réduction du compactage du sol ;
  • Diminution du coût des intrants grâce au placement et au traitement précis d'une seule plante ;
  • Développement des voitures et camions autonomes entraîne une diminution des coûts des capteurs et facilite la discussion sur l'approbation légale ;
  • Focus pédagogique sur la robotique ;
  • Forte concentration des entreprises de capital-risque et des start-up sur la robotique agricole.

Toutefois, les challenges à relever avant le développement des machines autonomes sont tout aussi nombreux :

  • Responsabilité des produits ;
  • Situation juridique pour la conduite, sur la voie publique notamment ;
  • Protection des capteurs face à un environnement difficile (poussières, saletés, brouillard, vibrations) ;
  • Surveillance des autres fonctionnalités de la machine ;
  • Logistique avec le transport des semences, engrais et produit phytos. Mais aussi la logistique de la ferme aux champs ;
  • Re-conception complète des machines car la taille optimale du tracteur dépend de l'application ;
  • Développement de systèmes de culture totalement nouveaux ;
  • Disponibilité des ingénieurs en robotique et en intelligence artificielle.

« La robotique en essaim et les concepts d'énergies alternatives semblent être nécessaires pour développer l’automatisation en grandes cultures », complète Thomas Engel. Cette tendance est liée à une augmentation du niveau d'automatisation avec des exigences de puissance spécifique plus faibles.

L’électricité est la clef de ces concepts. En 2016, John Deere a présenté le premier tracteur 100 % électrique, le Sesam ("Sustainable energy supply for agricultural machinery"). Toutefois, la densité et donc l’autonomie des batteries ne permettait pas des utilisations longues de cette machine.

 

John Deere Sesame, le tracteur 100 % électrique de John Deere
John Deere Sesam, le tracteur 100 % électrique de John Deere. (©John Deere)
Des solutions existent comme l’échange rapide de pack de batteries, des panneaux solaires pour les utilisations peu gourmandes en énergie, des piles à combustible… John Deere travaille également à connecter directement les tracteurs au réseau électrique par câble dans le projet GridCon. En effet, John Deere a présenté récemment un tracteur électrique autonome alimenté par câble offrant une puissance maximum de 400 ch. Le tracteur GridCon est pourvu d’un enrouleur de câble de 1 km le reliant au réseau électrique, qui lui transmet une puissance de 300 kW. Lors des travaux aux champs, un enrouleur automatique déroule le câble sur l’aller et le ré-enroule sur le retour. Un système de guidage intelligent permet également d’éviter que le tracteur ne roule sur le câble.

John Deere GridCon, le tracteur avec un fils électrique pour le brancher sur le réseau EDF
John Deere GridCon, le tracteur avec un fil électrique pour le brancher sur le réseau EDF. (©John Deere)
Parallèlement l’entreprise participe au projet gouvernemental allemand sur la robotique en essaim. John Deere travaille donc de manière forte sur l’autonomisation des machines. La bataille ne fait que commencer avec les autres groupes industriels.