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Selon l’enquête de conjoncture menée par le Sedima, des stocks disproportionnés pénalisent de plus en plus le fonctionnement des distributeurs. Dans cette situation, la relation avec les constructeurs est mise à rude épreuve.

C’est un modèle économique qui marche sur un fil. Loïc Morel, le président du Sedima, le Syndicat national des entreprises de service et distribution, le reconnaît dans son bilan annuel 2023 : « L’ensemble des acteurs de la filière, fabricants, partenaires bancaires et distributeurs, doivent réfléchir à un nouveau système pour conserver la dynamique du marché des agroéquipements français ».

Loïc Morel pointe notamment du doigt les « politiques de commandes de risques que l’on connaît depuis des années avec nos constructeurs ». « Elles génèrent des stocks qui pèsent trop lourdement sur la performance de nos entreprises et elles mettent sous pression l’ensemble de notre profession », met-il en garde.

Le prix des matériels freine la demande

En octobre 2023, les stocks de matériels neufs étaient ainsi jugés supérieurs à la normale par 74 % des concessionnaires ayant répondu à l’enquête du Sedima, soit « un taux très élevé », alerte le syndicat. « Ceci tient pour partie à des niveaux de stocks bas en 2022 mais aussi à des livraisons de matériels anticipées par les constructeurs dans un contexte de ralentissement de la demande », explique le Sedima.

La gestion des stocks arrive désormais en tête des préoccupations des distributeurs, devant l’évolution des prises de commandes. L’accroissement des coûts de financement des stocks pèse fortement sur la trésorerie des entreprises. Les prix des matériels, perçus comme l’un des principaux freins à la demande, inquiètent aussi.

Un début 2024 en demi-teinte

Et les prévisions pour le premier semestre 2024 ne sont pas à la fête. 51 % des distributeurs prédisent une baisse de leurs commandes pour le matériel neuf. Ils ne sont que 13 % à envisager une hausse. Le marché de l’occasion devrait, lui, rester stable.

Dans ce contexte tendu, la relation entre le constructeur et le concessionnaire est plus que jamais cruciale. La 18e enquête ISC (Indice de satisfaction des concessionnaires) du Sedima montre une progression de la moyenne toute marque confondue qui passe de 10,9 à 11,2 points. Précision : cette enquête a pour objectif de « favoriser l’échange et la discussion sur la base des réponses aux 61 questions que comporte le questionnaire » et ne porte pas « sur la qualité des produits fabriqués par les fournisseurs ».

Un soutien attendu des constructeurs

C’est John Deere qui arrive en tête avec une moyenne de 12,4 (+ 0,4 point par rapport à 2022), juste devant Claas (12,3 ; - 0,1) et une troisième place occupée ex aequo avec 11,7 points par Case IH (en forte progression de 2 points) et New Holland (+ 1,7 point). Deutz reste stable (11,3 ; + 0,1). Kubota (10,8 ; - 1,2), Valtra (10,6 ; - 0,8) et Fendt (10,1 ; -  1,4) décrochent légèrement. Massey Ferguson grimpe doucement (10,4 ; +0 ,4) et Same ferme la marche (9,3 ; - 0,3).

Cette moyenne plutôt positive se dégrade en revanche sérieusement quand le Sedima se concentre sur les questions relatives à l’offre de financement. Là, la moyenne n’est plus de de 8,3 points, un score qui fait écho aux inquiétudes économiques des distributeurs. John Deere (11 points), New Holland (10,1) et Claas (9,4) grimpent sur le podium. Fendt est lanterne rouge avec seulement 5,5 points. « Compte tenu du niveau des stocks et de la hausse des taux d’intérêts, les concessionnaires attendent du soutien de leur fournisseur et l’expriment », analyse le Sedima.